Bonsoir à tous,
Sahara nous a quitté depuis quelques temps déjà et Laurie et moi n’avons pas encore pris le temps de rédiger un petit mot en sa mémoire. Nous voulons corriger cette injustice envers ce chat qui nous aura accompagné pendant près de 4 ans et marqué de très belles années de sa patte et de sa présence.
Cette patte-là ?Sahara ; avec ce nom, il serait facile d’évoquer une bourrasque et un petit loulou qui s’en va, emporté comme un grain de sable par le vent ou par ses problèmes de santé. Mais cela serait mal connaître l’animal : aucun ouragan n’aurait jamais pu soulever ce chat contre sa volonté. Déjà parce qu’il était un peu ventru (un peu) et surtout, parce qu’il avait son petit caractère. La tempête aurait tenté de le bouger, aurait récolté quelques grognements colériques et n’aurait plus osé l’approcher.
Car Sahara était avant tout un râleur de première. Un rouspéteur de haut niveau. Un ronchonneur hors pair. Bref, un chat parfois un rien grincheux. Avant même de l’avoir ramené à la colocation, alors que nous étions encore dans la voiture, bercés par quelques miaulements bougons, Laurie et moi avions pensé à le surnommer « Saharâle ».
Mais c’est « Boulette » qui s’est finalement imposé au sein de la coloc (il y a aussi eu un bref « Saracole »). On ne le cachera pas, il avait une certaine « ovalité » au niveau du nombril. Elle a rapidement fait pencher la balance en faveur de Boulette.
Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez !Car le petit monsieur aimait faire bombance. Dans sa gamelle, celle de Barley (son grand ami et parfois souffre-douleur), celle des autres chats du voisinage… Laurie – alors qu’elle allait nourrir le chat des voisins (partis en vacances) – l’a un jour retrouvé dormant dans le lit desdits voisins. Et leur pauvre chat, viré de sa propre maison, complètement terrorisé (au point qu’il en avait fait pipi sur le parquet et Laurie a dû tout nettoyer !).
Au passage, nos gamelles à nous n’étaient pas non plus complètement en sécurité. Surtout les jours de yaourt. Dès que nous avions un fromage blanc, un « brassé nature » ou autre, nous devenions le centre de son attention ! Des traces de crocs suspectes dans un morceau de Comté laisse penser que son amour s’étendait en fait à l’ensemble des produits laitiers. Un des colocs avait d’ailleurs développé une certaine expertise dans la fortification de son coin de table, pour résister aux assauts Saharesques lors de ses petits déjeuners (quelques livres et les bras en arc de cercle autour du bol de céréales).
On vous dresse la liste de ses quelques défauts, mais n’allez pas croire qu’il était (trop) difficile à vivre au quotidien. Au contraire, une fois qu’on « s’était fait » à ses petites sautes d’humeurs, sa passion pour les laitages, et sur le fait que c’était « sa table », qu’il nous la prêtait de temps en temps, mais qu’il était hors de question qu’il en descende, Sahara était un chat câlin et présent.
Tellement présent qu’il s’incrustait souvent lorsque Laurie remplissait un contrat d’adoption pour un autre chat. Il s’approchait, se frottait sur les jambes des adoptants (qui le trouvaient trop mignon), montait sur SA table, et s’allongeait sur le contrat d’adoption. Ensuite, il grognait quand Laurie tentait de récupérer le contrat (les adoptants le trouvaient alors moins mignon).
Ce mobilier est dans ma famille depuis 1840 et je ne l’abandonnerai jamais !Le matin, c’était souvent la première créature à nous saluer en bas de l’escalier, en venant apposer un museau (glacé) sur nos mollets pour nous dire bonjour. Ou pour bondir sur nos genoux pour un câlin (et s’enquérir de notre petit déjeuner, au cas où il aurait été appétissant). De même, lorsque nous glandions sur le canapé, c’était le premier à venir nous rejoindre pour une petite sieste en co-ronfling ! (enfin il fallait ronfler moins fort que lui, il n’aimait pas être réveillé !) D’ailleurs, pour les roupillons, le matou avait une certaine expertise !
L’art de la sieste, ça se travaille !Ça se travaille avec application.Dessin d’artiste de Boulette n’appréciant pas que je le réveille durant sa sieste…
Je respirai trop fort. [Au passage, il ne m’a jamais griffé, c’était vraiment des baffes]Malgré tout, avec ses bipèdes de compagnie, il pouvait être un vrai pot de colle plein d’amour. Parfois un peu possessif. Je me souviens avoir dû fuir la maison en catimini (afin de partir pour la gare), car autrement il voulait absolument me suivre dehors et jusqu’à la station de métro ! Avec Laurie, quand nous partions en balade, nous devions souvent nous mettre à courir dans l’impasse pour semer notre gros matou, afin d’éviter qu’il atteigne des routes plus passantes et donc dangereuses pour lui. Nous l’avons retrouvé au même endroit une heure plus tard, hurlant son désespoir d’avoir été laissé tout seul.
Pour finir son portrait, une autre de ses passions était le garage. On ne l’a jamais vu bricoler. Au contraire, il a plutôt « débricolé » de la vaisselle de temps à autre (mais ça c’était pour boire dans l’évier de la cuisine). Mais revenons au garage. Celui-ci semblait exercer une sorte d’attraction mystérieuse et dès que la porte en était entrouverte, il s’y précipitait. Il en faisait le tour et souvent, se mettait à hurler à la mort vingt minutes plus tard pour qu’on le fasse sortir.
Mais voilà, alors que nous menions une vie tranquille (ou à peine mouvementée), en février dernier, l’état de santé de Sahara s’est dégradé… Il avait déjà des petits problèmes (une hyperesthésie), peut être causé par des mauvais traitements avant qu’ils ne soit récupéré par l’association… Mais cela s’est aggravé au point qu’il commençait à s’attaquer lui-même pour faire cesser les démangeaisons et les douleurs. Il a dû être suturé et colleretteté.
Vous voyez ce que l’on me fait subir ?Mais bon, faut pas se laisser abattre ! Pourquoi pas se trouver un bipède et roupiller un peu ?A vrai dire, depuis lors, il était « en sursis ». Les vétérinaires lui avaient diagnostiqués plusieurs problèmes qui, s’ils se déclenchaient allaient demander un suivi trop lourd et difficile à mettre en œuvre : Monsieur n’était pas toujours un grand fan du véto et de la prise de médicaments. Malheureusement, mi-Novembre, les choses se sont précipitées.
Nous espérons qu’il a pu profiter de ses derniers mois en toute quiétude. Si nous nous moquons de ses petits défauts, c’est parce que nous étions très attachés à lui. Il était véritablement un pilier de notre colocation et il nous manque beaucoup. Où qu’il soit, nous lui souhaitons de très agréables roupillons, une quantité inépuisable de yaourts et une porte de garage toujours ouverte.