Voilà une semaine que Katsu nous a quitté après être resté presqu’un an à la coloc. Et cette année résume à elle seule le personnage. Quand Laurie l’a récupéré en septembre, nous pensions tous qu’il ne tiendrait que quelques semaines. C’était un chat émacié, squelettique et peut-être dévoré par un cancer. Il avait une patte arrière cassée et mal ressoudée qui le faisait boiter.
Pour ces raisons peut-être, nous n’osions pas nous attacher. « Il ne restera pas longtemps », pensions-nous.
Nous nous trompions. Derrière cette gueule (et cette histoire) de rescapé, il y avait un grand matou porté par une furieuse envie de vivre, de manger des croquettes (amollie dans de l’eau s’il vous plaît) et de la pâtée (
ben quoi, on est un peu privilégié quand on n’a que le poil sur les os) et de profiter peinard d’après-midi au soleil sur le canapé du salon.
Et cette vie simple n’était pas de tout repos ! Loin de là. Elle exigeait déjà de supporter les sautes d’humeur de Boulette (Sahara de son vrai petit nom), notre gros caractériel et ses coups de patte faciles.
Et puis ces satanés bipèdes ! Déjà, il fallait leur miauler dessus environ 12 537 fois pour leur faire enfin comprendre que…
que quoi déjà ? A bah, c’est malin, à force de vous miauler dessus j’ai oublié pourquoi j’avais besoin de vous ! Bon, pour cette fois, tu t’en tireras à bon compte monsieur le bipède, quelques gratouilles sur le front feront l’affaire.Et puis, les bipèdes lui imposaient de terribles séances de déminage. Il fallait enquêter rudement matin et soir pour déloger les minuscules gélules blanches dissimulées dans du beurre, dans de la pâté, voire écrasées au mortier et infusées de longues heures dans de la sauce à pochon. Heureusement, le félin faisait preuve d’une détermination et d’un flair à toute épreuve et remportait haut la patte le challenge.
Mais rassurez-vous, il se vengeait bien de nos mauvais traitements car le petit monsieur s’était fait maître dans l’art de la bêtise. Le matin, il en abandonnait parfois des plus ou moins odorantes au milieu du salon. Mais surtout, tout humain qui laissait traîner sa nourriture plus de 10 secondes sur une table perdait immédiatement son droit de propriété sur ladite nourriture. Katsu était, voyez-vous, un grand gourmet avec une inclinaison fromagivore, raviolivore, épinarivore et (à notre grande surprise) tisanivore.
Au passage, je tiens à signaler qu’il a cassé ma tasse préférée, que je lui ai demandé de me la rembourser et qu’il ne l’a toujours pas fait. Aussi, je le préviens gentiment que si nous nous retrouvons un jour au paradis des « FA excédées et des chats pénibles » (selon la théologie des FA) ou des « gentils chats et des mauvaises FA » (selon la théologie des matous), il a intérêt à m’offrir un mug en céramique pour mon café du matin. Ensuite seulement, il aura droit à des gratouilles.
Car, il faut le dire, malgré son petit caractère, malgré les petites bêtises et tout ce que nous avons écrit plus haut, le petit papi a réussi à se faire une place dans nos cœurs. De mon côté, je l’avais surnommé Katchoutchou (en référence à Zootopie et le « tchoutchou » de la victoire et le fait que Katsu n’avait pas arrêté de miauler durant le film) et on appréciait tous sa façon de s’incruster subrepticement sur le canapé pour obtenir des câlins.
Aussi, même si sa mort nous attriste, il nous faut reconnaître qu’elle fut presque « idéale » pour un vieux papi abîmé par les ans et la maladie. Il a simplement perdu l’appétit une journée, sans que cela ne l’empêche de profiter de la douceur printanière ni des coussins moelleux. Et 24h plus tard, tout foutait le camp. On ne saurait dire ce qu’il l’a emporté, simplement, Katsu a pris son dernier train.
Il va nous manquer. Pas ses bêtises, mais sa présence de petit matou tranquille, lovée dans des positions toujours étranges (à cause de sa patte abîmée) et toujours à rechercher une présence humaine et quelques gratouilles.
Tranquille à bras :
Le sourire aux babines fin mars :